Ce jeudi, Gabriel Attal a promis de «continuer» à «tisser» le «lien» qui l’unit aux Français, dans un message posté sur X après la nomination de son successeur.
Il ne détient pas le record du mandat le plus court rue de Varenne, qui revient à l’ex socialiste Bernard Cazeneuve (5 mois), un temps envisagé pour lui succéder. Néanmoins le plus jeune Premier ministre de la Ve République s’est trouvé, à 35 ans, dans une situation inédite: celle d’avoir été démissionnaire pendant 51 jours, du jamais vu.
Cet été il a ainsi alternativement endossé le costume de Premier ministre chargé des affaires courantes pendant les Jeux olympiques, et celui de chef de groupe préparant un «pacte de coalition». Car avec la casquette de député, le Premier ministre démissionnaire a passé cet été de longues heures à l’Assemblée pour consolider ce groupe de députés très éprouvés par la dissolution mais qui ont apprécié son investissem*nt dans la campagne des législatives. Non sans faire grincer quelques dents. «Quand vous avez des ambitions vous avez forcément des adversaires», ajoute le même allié.
Vers l’Assemblée… et au-delà?
Au-delà de l’Assemblée, Gabriel Attal aurait aussi des visées sur le riche parti Renaissance, aussi brigué par sa prédécesseure Élisabeth Borne, elle-même soutenue par d’autres poids lourds de la macronie, dont l’ex ministre de l’Intérieur, issu de la droite, Gérald Darmanin.
«Attal est très gourmand, il profite du moment», résume un responsable du parti. Pour conquérir le parti, il mise sur le soutien des militants et des députés «versus les cadres». «Mais à un moment il aura quand même besoin de soutiens, de faire une équipe s’il veut faire une écurie présidentielle», met en garde le même, qui lui reproche de ne «pas jouer collectif».
«Il veut tout contrôler», grince une ministre. Lors d’une réunion de la direction du parti début août, Gabriel Attal n’a pas obtenu d’accélération du calendrier pour avancer la date du congrès, qui aurait pu faciliter son élection à la tête du mouvement. Il soigne depuis ses arrières: il a vu la ministre Aurore Bergé qui soutenait l’idée d’une direction collégiale du groupe à l’Assemblée, et rencontré la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, dont la réélection avait suscité des remous dans le camp macroniste.
Prise de distance avec Emmanuel Macron
Malgré son court séjour à Matignon, Gabriel Attal espère laisser sa marque sur plusieurs dossiers comme l’éducation, «mère des batailles». «Ce qui se joue ici dans les salles de classe, c’est l’avenir de notre pays», a-t-il souligné lundi, lors d’un de ses derniers déplacements dans sa circonscription des Hauts-de-Seine pour la rentrée scolaire. Pendant que l’Élysée nommait Michel Barnier, l’ancien ministre de l’Éducation nationale a participé à une marche blanche contre le harcèlement dans les Yvelines.
Coupé dans son élan par la dissolution, sur laquelle Emmanuel Macron ne l’a pas consulté, Gabriel Attal assure s’être «battu corps et âme pour éviter le pire» aux législatives, soit une victoire de l’extrême droite, en prenant la direction de la campagne et en prônant le désistement face au Rassemblement national. Le camp présidentiel a évité ainsi la déroute: l’ex majorité, avec ses trois composantes Renaissance, MoDem et Horizons, a perdu certes une centaine de députés mais s’est hissée contre toute attente à la deuxième place derrière la gauche et devant le RN.
Gabriel Attal a aussi pris ses distances avec Emmanuel Macron, qui l’avait présenté comme l’un de ses potentiels héritiers, en appelant les Français à le «choisir» comme Premier ministre aux élections législatives. En attendant la présidentielle?